1946 : Création de l'ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer) par P. Eckert et J. Mauchly. La programmation de ce calculateur s'effectue en recâblant entre eux ses différents éléments. Composé de 19000 tubes, il pèse 30 tonnes, occupe une surface de 72 m2 et consomme 140 kilowatts. Horloge : 100 KHz. Vitesse : environ 330 multiplications par seconde.


Juin 1948 : NewMan, Williams et leur équipe de l'université de Manchester terminent une machine prototype appelée Manchester Mark I avec un nouveau type de mémoire composée de tubes cathodiques : pour stocker un bit d'information, un rayon cathodique allumait un point sur le tube qui restait alors allumé. Pour le lire, il suffisait de pointer le rayon au même endroit et de faire une mesure de voltage avec une électrode placée de l'autre côté du tube ! Le Mark I disposait ainsi d'une mémoire de 1024 bits tenant en un seul tube.
La machine était programmée (en binaire) avec le programme stocké en mémoire et les résultats étaient lus sur un autre tube en binaire. Il s'agit dont du premier vrai ordinateur.



Septembre 1948 : L'ENIAC est amélioré par l'ajout d'une table d'instructions prédéfinies. Le programme entré dans l'ENIAC pouvait donc utiliser chacune de ces instructions. On peut considérer que cette modification transforme l'ENIAC en ordinateur, même si le programme est toujours entré par recâblage.


Aout 1949 : P. Eckert et J. Mauchly, ayant formé leur propre compagnie, mettent au point le premier ordinateur bi-processeur : le BINAC pour l'US Navy. Les deux processeurs effectuaient les mêmes opérations en parallèle pour augmenter la fiabilité des calculs.


1949 - 1951 : Premier ordinateur temps réel : le Whirlwind créé au MIT par Jay Forrester, Ken Olsen et leur équipe. La recherche de la performance, de la fiabilité et de la rapidité de réponse dans cet ordinateur ont amené de grands progrès. Cette machine fut aussi le prototype des ordinateurs utilisés pour le réseau informatique de défense Américain SAGE (Semi Automated Ground Environment).



1950 : Le calculateur de Konrad Zuse, le Z4, fabriqué pendant la guerre, est finalement remonté à l'école polytechnique de Zurich puis modifié pour pouvoir réaliser des sauts et branchements conditionnels. Lors de l'exécution d'un programme, 2 instructions étaient lues à l'avance et prétraitées. Il s'agit de la première implémentation d'un pipeline dans un ordinateur. La machine sera utilisée jusqu'en 1955 puis transférée en France et utilisée jusqu'en 1960.


1950 : Invention de l'assembleur par Maurice V. Wilkes de l'université de Cambridge. Avant, la programmation s'effectuait directement en binaire.


1951 : La Compagnie des Machines Bull réalise son premier ordinateur : le Gamma 2.


1951 : Mise au point du tambour de masse magnétique ERA 1101. Il s'agit de la première mémoire de masse. Capacité : 1 Mo.



1951 : Invention du premier compilateur A0 par Grace Murray Hopper qui permet de générer un programme binaire à partir d'un code source.


1951 : P. Eckert et J. Mauchly, ayant revendu leur compagnie à Remington Rand, lancent l'UNIVAC I (UNIversal Automatic Computer). Il s'agit du premier ordinateur commercial de l'histoire. Le premier fut vendu au bureau de recensement Americain pour la modique somme de 750000 $ pour l'ordinateur et 185000 $ pour l'imprimante rapide. Il était capable d'exécuter 8333 additions ou 555 multiplications par seconde. 56 exemplaires furent vendus.



1952 : La Compagnie des Machines Bull commercialise le Gamma 3 qui remportera un grand succès : un millier d'exemplaires seront construits.


1952 : IBM produit son premier ordinateur, l'IBM 701 pour la défense américaine. 19 exemplaires seront produits. Cette machine disposait d'une mémoire à tubes cathodiques de 2048 ou 4096 mots de 36 bits et pouvait réaliser 16000 additions ou 2200 multiplications par seconde. La première machine sera installée à Los Alamos (voir photo) pour le projet de bombe thermonucléaire US.



1952 : Le premier ordinateur Français, le CUBA (Calculateur Universel Binaire de l'Armement), est construit par la société SEA.


Juillet 1953 : IBM lance son premier ordinateur commercial en série : l'IBM 650, conçu pour être compatible avec les machines de comptabilité mécanique à cartes perforées de la marque.

Bien que lent, peu fiable car basé sur la technologie des tubes à vide et coûteux, un millier d'exemplaires seront fabriqués. Ce sera le premier ordinateur de nombreuses universités américaines grâce à de gros rabais consentis par IBM dans le but de familiariser les étudiants avec l'informatique et surtout fidéliser l'éventuelle future clientèle.



1955 : Premier réseau informatique à but commercial : SABRE (Semi Automated Business Related Environment) réalisé par IBM. Il relie 1200 téléscripteurs à travers les États-Unis pour la réservation des vols de la compagnie American Airlines.


1955 : IBM lance l'IBM 704 développé par Gene Amdahl. Il s'agit de la première machine commerciale disposant d'un coprocesseur mathématique. Puissance : 5 kFLOPS (milliers d'opérations en virgule flottante par seconde). On considère souvent que cette machine marque le début de l'ère des super-ordinateurs dédiés au calcul scientifique. Elle utilisait une mémoire à tores de ferrite de 32768 mots de 36 bits et allait 3 fois plus vite que l'IBM 701. Grâce aux tores de ferrite, cette machine était très fiable (pour l'époque) et ne tombait en panne qu'une fois par semaine :-) C'est sur cette machine que sera développé le langage FORTRAN.




L'ordinateur devient interactif

Jusque là, l'ordinateur était une énorme machine inaccessible et destinée à traiter des masses de données sans intervention extérieure. L'augmentation des performances va maintenant permettre à l'ordinateur de "communiquer" avec l'être humain ! C'est aussi à ce moment que le premier réseau d'ordinateurs ARPANET, ancêtre d'Internet, va naître.


1956 : Création du premier ordinateur à transistors par la Bell : le TRADIC qui amorce la seconde génération d'ordinateurs.


1956 : IBM commercialise le premier disque dur, le RAMAC 305 (Random Access Method of Accounting and Control).

Il est constitué de 50 disques de 61 cm de diamètre et peut stocker 5 Mo.

Ce périphérique a été développé pour le projet SABRE, système de réservation temps réel pour la compagnie aérienne American Airlines.



1957 : Création du premier langage de programmation universel, le FORTRAN (FORmula TRANslator) par John Backus d'IBM.


1958 : Pierre Chenus, Jean Bosset, et J.P. Cottet de la Compagnie des Machines Bull développent le Gamma 60, le premier super-ordinateur français dédié au calcul intensif avec un support hardware du multithread. Cette machine très rapide et très en avance sur son temps sera fabriquée à 12 exemplaires.


1958 : Démonstration du premier circuit intégré crée par Texas Instruments.


1958 : La BELL crée le premier Modem permettant de transmettre des données binaires sur une simple ligne téléphonique.


Octobre 1959 : IBM annonce l'IBM 1401. Cette machine, orientée vers l'administration, la comptabilité ou le traitement de données, remportera un grand succès (12000 exemplaires) auprès des clients traditionnels d'IBM : les utilisateurs de systèmes de comptabilité électromécaniques à cartes perforées.

L'un des attraits de ce système pour la clientèle était l'imprimante rapide IBM 1403 capable d'imprimer 600 lignes à la minute.


1959 : L'ordinateur ATLAS I étudié par l'université de Manchester et Ferranti introduit deux nouvelles technologies fondamentales pour les ordinateurs modernes : la mémoire virtuelle et la multiprogrammation (on dirait aujourd'hui multitâche).
L'exécution des instructions s'effectuait en "pipeline" et la machine disposait d'une unité de calcul sur les entiers et une unité de calcul en virgule flottante. Elle développait une puissance de 200 kFLOPS.


1960 : Publication du cahier des charges du langage de programmation COBOL (COmmon Business Oriented Language). Il devient, après le FORTRAN, le second grand langage de programmation universel.

Juillet 1961 : Leonard Kleinrock du MIT publie une première théorie sur l'utilisation de la commutation de paquets pour transférer des données.


1961 : Le projet MAC (Multi Access Computer) du MIT dirigé par John Mc Carthy a pour but de permettre à plusieurs personnes de travailler sur un même ordinateur en même temps pour éliminer les temps d'attente du traitement par lot.

Octobre 1962 : Le docteur J.C.R. Licklider du MIT est nommé à l'ARPA pour diriger les recherches pour une meilleure utilisation militaire de l'informatique. Il avait écrit en Août une série de notes décrivant sa vision d'un "réseau galactique" permettant à toute personne d'accéder rapidement à toute information ou tout programme, où qu'il se trouve. Il convaincra ses successeurs, Ivan Sutherland, Bob Taylor et Lawrence G. Roberts du MIT de l'importance de ce concept de réseau.

 

1962 : En France, Philippe Dreyfus invente le mot informatique pour désigner la science du traitement de l'information et des ordinateurs.


1963 : Aux Etats-Unis, Teletype développe le prototype de la première imprimante à jet d'encre : la Teletype Inktronic. La version commerciale de cette imprimante disposait de 40 buses fixes permettant d'imprimer des caractères ASCII sur 80 colonnes reçus par une liaison 1200 bauds.

 

1964 : Thomas Kurtz et John Kemeny créent le langage BASIC (Beginner's All-purpose Symbolic Instruction Code) au Dartmouth College pour leurs étudiants.


1964 : Création du code ASCII (American Standard Code for Information Interchange), normalisé en 1966 par l'ISO pour simplifier l'échange de données entre ordinateurs. Malgré cela, IBM maintient sa propre norme propriétaire EBCDIC (Extended Binary Coded Decimal Interchange Code).


1965 : Ted Nelson publie un premier papier sur le concept de nombreux types de documents informatiques reliés entre eux. Il utilise les mots hypertexte et hypermédia pour décrire ce concept, par la suite plus connu sous le nom de Xanadu.

 

1965 : Gordon Moore écrit que la complexité des circuits intégrés doublera tous les ans. Cette affirmation qui s'est par la suite révélée exacte est maintenant connue sous le nom "Loi de Moore".


1966 : Le langage de programmation LOGO est crée par une équipe chez BBN (Bolt Beranek & Newman) dirigée par Wally Fuerzeig dont faisait partie Seymour Papert. Ce langage très graphique est basé sur le principe d'une tortue que l'on pilote à l'écran en lui donnant des ordres (tourner, avancer, etc...).


  1967 : Le département informatique de l'université de l'Utah, dirigé par les professeurs David C. Evans et Ivan Sutherland s'est spécialisé dans l'imagerie informatique en 3 dimensions.
On peut voir ci-contre leurs étudiants en train de numériser la Coccinelle d'Ivan Sutherland et le résultat à l'écran.

Ils fonderont la société Evans & Sutherland en 1968.



1967 : Lawrence G. Roberts, récemment arrivé à la tête du projet de réseau informatique à l'ARPA, publie ses "Plans pour le réseau ARPANET" au cours d'une conférence. Lors de cette conférence sera aussi publié un papier sur un concept de réseau à commutation de paquets par Donald Davies et Robert Scantlebury du NPL et également un papier de Paul Baran de la RAND au sujet de l'utilisation d'un réseau à commutation de paquet pour transmission sécurisée de la voix, même en cas de destruction partielle du réseau en cas de guerre nucléaire.
Il est amusant de noter que ces groupes ont travaillé en parallèle sur des concepts similaires et sans avoir connaissance des travaux des autres pour aboutir en même temps à la même conclusion !

C'est aussi à cause de la similitude entre le projet de la RAND et le projet de l'ARPA qu'est née la fausse rumeur selon laquelle le réseau ARPANET avait été lancé à cause du besoin de relier les ordinateurs entre eux par un réseau insensible aux destructions d'une guerre nucléaire.


1967 : IBM construit le premier lecteur de disquettes.


Aout 1968 : Lawrence G. Roberts et la communauté de chercheurs "sponsorisée" par l'ARPA ont défini la structure et les spécifications du futur réseau ARPANET. Ils lancent un appel d'offre pour la réalisation d'un composant clé du réseau : le commutateur de paquet appelé aussi IMP (Interface Message Processor). La société BBN (Bolt Beranek and Newman) remportera l'appel d'offre en Décembre 1968.


1968 : Douglas C. Engelbart de la Stanford Research Institute fait une démonstration d'un environnement graphique avec des fenêtres à manipuler avec une souris. Il démontre dans cet environnement l'utilisation d'un traitement de texte, d'un système hypertexte et d'un logiciel de travail collaboratif en groupe.


1968 : Burrough sort les premiers ordinateurs basés sur des circuits intégrés, les B2500 et B3500 qui marquent le début de la troisième génération d'ordinateurs.

 

1968 : Création du langage PASCAL par Niklaus Wirth.


été 1969 Le Bell Lab d'AT&T se retire du projet MULTICS, considérant que celui-ci prendrait trop de temps pour arriver à un résultat concret.
Un groupe d'informaticiens mené par Ken Thompson et Dennis Ritchie avait commencé à réfléchir à la création d'un nouveau système d'exploitation temps partagé mais leur hiérarchie refusait d'en entendre parler.
Ils trouvèrent un Dec PDP 7 (ordinateur apparu en 1964, évolution du PDP-1) inutilisé (récupéré initialement par Thompson pour y faire tourner un jeu écrit par lui : Space Travel !) pour mettre leurs idées en pratique.
Certaines idées furent héritées du projet MULTICS : notion de process, système de fichiers arborescent, interpréteur ligne de commande tournant comme un simple programme utilisateur, représentation simple des fichiers texte et accès généralisé aux périphériques. D'autres nouvelles idées servirent de principe pour le développement : concevoir les outils comme un ensemble de petits programmes simples, faire en sorte que le résultat d'un programme puisse devenir l'entrée du programme suivant, etc...
Un noyau Unix primitif, un shell, quelques programmes utilitaires, un éditeur et un assembleur furent rapidement mis au point sur le PDP 7.
Ce n'est que par la suite qu'un nom fut trouvé par Brian Kernighan pour ce nouveau système d'exploitation : UNIX (par opposition au projet MULTICS).

Cette version est connue sous le nom "Unix Time-Sharing System V1".


Septembre 1969 : BBN installe le premier équipement réseau IMP (basé sur un mini-ordinateur Honeywell 516 avec 12 Ko de Ram, voir photo ci-contre) à l'UCLA et le premier ordinateur (XDS SIGMA 7) y est connecté. Un ordinateur (XDS 940) de l'équipe de Douglas C. Engelbart de la Stanford Research Institute est alors relié via une liaison à 50 kbits/s. Les premières données sont échangées entre ces machines. Peu après, un ordinateur (IBM 360/75) situé à l'université de Santa Barbara et un autre (Dec PDP-10) situé à l'université de l'Utah à Salt Lake City sont raccordés. Le réseau ARPANET initial constitué de 4 ordinateurs est alors en fonctionnement fin 1969.
Voici un schéma de l'époque représentant ce réseau.


1969 : Lancement du super-ordinateur CDC 7600 développé par Seymour Cray. Évolution du CDC 6600, il est basé sur une architecture "pipeline".



1969 : Création de la norme de connexion série RS232.


Avril 1970 : Lancement de la ligne de mini-ordinateurs PDP-11 par Digital Equipment Corporation. Il s'agit d'une ligne de machines toutes compatibles entre elles basées sur un processeur 16 bits et qui rencontrera un grand succès.



Décembre 1970 : Le Network Working Group sous la direction de S. Crocker termine le protocole de communication entre ordinateurs pour le réseau Arpent appelé Network Control Protocol ou NCP. De nouveaux ordinateurs furent rapidement branchés sur ARPANET et l'implémentation de NCP sur la période 1971-1972 permit aux utilisateurs de ce réseau de développer les premières applications.


1970 : Ken Thompson, pensant qu'UNIX ne serait pas complet sans un langage de programmation de haut niveau commence à porter le Fortran sur le PDP 7 mais change rapidement d'avis et crée en fait un nouveau langage, le B (en référence au BCPL dont il s'inspire).


1970 : Première puce mémoire crée par Intel sur un carré de 0,5 mm de côté (capacité : 1kBit soit 128 octets)

 
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